lumière bleue - écran
Sommeil, Troubles et pathologies

Le côté sombre de la lumière bleue…

La nuit ou en soirée, l’exposition à la lumière bleue des appareils électriques et des lampes de type LED peuvent être dangereuses pour la santé.

Jusqu’à l’avènement de la lumière artificielle, le soleil était la principale source de lumière, et les gens passaient leur soirée dans une obscurité relative. Aujourd’hui, et pour une grande majorité de la population mondiale, les soirées sont particulièrement illuminées. Et nous considérons comme acquis cet accès simple et facile à toute cette lumière.

Mais nous sommes peut-être en train d’en payer le prix. La nuit, l’exposition à la lumière dérègle l’horloge biologique du corps, la fameuse horloge circadienne. Et notre sommeil en souffre. Pire, la recherche montre que cette exposition pourrait contribuer en partie aux cancers, diabète, maladies cardiovasculaires et à l’obésité.

Cependant, toutes les couleurs n’ont pas le même effet. Les longueurs d’onde bleues, qui nous sont profitables pendant le jour en stimulant notre attention et notre humeur, semblent au contraire particulièrement préjudiciables la nuit. Et la prolifération des écrans et des ampoules basse-consommation LED augmentent considérablement notre temps d’exposition aux longueurs d’onde bleues, particulièrement après le coucher du soleil.

 

Les rythmes journaliers sont influencés par la lumière

Tout le monde n’a pas tout à fait le même rythme circadien, mais la moyenne tourne autour de 24h (et quart !). Le rythme circadien des « couche tard » est légèrement plus long, tandis que celui des « couche tôt » n’atteint pas les 24h. En 1981, le Dr Charles Czeisler, de la Harvard Medical School, a montré que c’est la lumière du jour qui permet à l’horloge interne d’une personne de rester en phase avec son environnement (naturel).

 

Les risques pour la santé de la lumière nocturne

Étude après étude, un lien clair unit le travail de nuit et l’exposition à la lumière la nuit avec différents types de cancer (du sein et de la prostate notamment), le diabète, les maladies cardiovasculaires et l’obésité. Les raisons qui expliqueraient pourquoi l’exposition à la lumière la nuit est délétère pour notre santé ne sont pas encore claires. Mais nous savons de manière certaine que l’exposition à la lumière inhibe la sécrétion de la mélatonine, une hormone qui influence les rythmes circadiens.

Moins connu, la mélatonine est également une puissante molécule antioxydante pour notre cerveau. Et il existe quelques études expérimentales (préliminaires pour le moment) qui montrent que des niveaux bas de mélatonine pourraient expliquer le lien avec le cancer.

Une étude de la Harvard Medical School éclaire un peu les liens observés avec le diabète et l’obésité. Les rythmes circadiens de 10 personnes ont été progressivement modifiés. Leur analyse sanguine montre

  • une augmentation nette de leur glycémie, jusqu’à un niveau suffisant pour les considérer en pré-diabète,
  • et une diminution de la concentration sanguine en leptine, l’hormone de la satiété.

Bien que préliminaire, cette étude ouvre donc des pistes sur les modifications hormonales qu’une modification de l’horloge biologique interne peut engendrer.

Même une faible lumière peut interférer avec le rythme biologique et la sécrétion de la mélatonine. 8 lux, un niveau atteint par la plupart des lampes de chevet, suffisent pour avoir un effet, note Stephen Lockley, un chercheur qui travaille sur le sommeil à Harvard. L’exposition à la lumière la nuit explique en partie pourquoi la plupart des gens ne dorment pas assez. Or les recherches montrent clairement le lien entre un sommeil insuffisant et un risque accru de dépression, de diabète et de problèmes cardiovasculaires.

 

Le pouvoir de la lumière bleue

Bien que tout type de lumière soit capable d’inhiber la sécrétion de la mélatonine, la lumière bleue le fait avec plus de force. Des chercheurs de Harvard et leurs collègues ont mené une expérience qui comparait les effets de 6h30 d’exposition, soit à une lumière bleue, soit à une lumière verte, de même intensité. La lumière bleue inhibait la mélatonine environ deux fois plus longtemps que la lumière verte. Elle décalait également le rythme circadien deux fois plus (de 3 heures au lieu d’1h30).

Dans une autre étude sur la lumière bleue, les chercheurs de l’université de Toronto ont comparé les niveaux de mélatonine chez des personnes

  • soit exposées à une lumière artificielle vive mais portant des lunettes bloquant la lumière bleue,
  • soit exposées à une lumière artificielle de faible intensité mais non protégées.

Les niveaux de l’hormone étaient sensiblement les mêmes dans les deux groupes. Ce résultat renforce l’hypothèse selon laquelle la lumière bleue est un inhibiteur de mélatonine. Cette étude montre également que le port de lunettes protectrices pourrait protéger les utilisateurs d’écrans noctambules.

 

Une lumière moins bleue

Si la lumière bleue a des effets néfastes sur la santé, alors les préoccupations environnementales et la recherche d’un éclairage basse consommation semblent incompatibles avec la santé individuelle. Les ampoules fluocompactes et à LED sont beaucoup moins énergivores que les anciennes ampoules incandescentes avec lesquelles nous avons grandi. Mais elles ont aussi tendance à produire plus de lumière bleue.

On ne peut changer la physique des lumières fluorescentes, mais le revêtement interne des ampoules pourrait l’être, de manière à produire une lumière plus chaude et moins bleue. Richard Hansler, un chercheur de l’Université John Carroll à Cleveland, note que les lumières incandescentes ordinaires produisent également de la lumière bleue, mais bien moins que la plupart des ampoules fluorescentes.

 

Ce que nous pouvons faire

  • Utilisez des lumières rouges tamisées comme veilleuses. La lumière rouge change moins le rythme circadien et inhibe peu la sécrétion de la mélatonine.
  • Évitez de regarder les écrans lumineux dès deux à trois heures avant de vous coucher.
  • Si vous travaillez de nuit ou utilisez beaucoup d’appareils électroniques la nuit, pensez à porter des lunettes bloquant la lumière bleue ou à installer une application (f.lux par exemple) filtrant la longueur d’onde bleue de vos écrans la nuit.
  • Exposez-vous à beaucoup de lumière vive pendant la journée (lumière naturelle du soleil surtout), ce qui augmentera votre capacité à dormir la nuit, ainsi que votre humeur et votre vigilance pendant la journée.

Enfin, n’oubliez pas que si un sommeil de qualité est une clé majeure à une bonne santé, l’exposition à la lumière bleue n’en est pas le seul perturbateur potentiel. D’autres facteurs peuvent également jouer, et on les oublie très souvent…

 

Merci d’être arrivé au bout de cet article qui je l’espère vous aura intéressé. Si je n’ai pas répondu à toutes vos questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire. J’y répondrai directement ou j’en ferai un prochain article !

Et n’hésitez pas à partager bien sûr !

 

Sources :

  • Harvard Medical School, sept 2015.

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